Les ministres du gouvernement Ayrault ont été invités par le Premier ministre à suivre une session de sensibilisation au sexisme. Parmi ceux qui ont répondu présent à cette séance de 45 minutes dispensée par Caroline de Haas, conseillère de Najat Vallaud-Belkacem et ancienne figure de l’association « Osez le féminisme », Stéphane Le Foll. On peut toutefois s’interroger sur l’efficacité de cet exercice. En effet, Interviewé par L’Express pour évoquer cette formation, le ministre de l’Agriculture, vantant les mérites de cette initiative et fier de son engagement dans la mise en place de la parité dès la constitution de son cabinet - composé de sept femmes sur quinze personnes - a prononcé cette phrase malheureuse : « J’ai tenté de promouvoir des femmes au maximum, bien que nos dossiers soient très techniques ». Les réactions dénonçant le machisme du ministre ne se sont pas faites attendre, notamment sur les réseaux sociaux, avec une avalanche de tweet ironiques, tel que le commentaire de @Manu_Dufilm : « Merci à de Gaulle de nous avoir donné le droit de vote bien que ce soit très technique ».
La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a volé à son secours, qualifiant d’ « injustes » les critiques visant « l’un des ministres qui s’est le plus investi dans le travail collectif pour l’égalité des sexes et la parité, alors même qu’il a à traiter de dossiers où les questions d’égalité sont loin d’être allées de soi jusqu’à présent ». Stéphane Le Foll a également dû préciser sa pensée dans son interview à l’Express et sur son compte Twitter. Il invoque la sous-représentation des femmes dans la haute fonction publique agricole et considère que la composition d’un cabinet paritaire est « un objectif politique et pas une facilité ». Comme pour prouver sa bonne foi, il rappelle qu’il a « modifié le mode de scrutin des élections en chambre d’agriculture vers plus de parité » et qu’il a même rencontré, le matin de la séance, une association de femmes de la FNSEA. Enfin, pour enfoncer le clou, il va jusqu’à féminiser un nom commun, déclarant être « fier que [sa] cheffe de cabinet, [sa] conseillère enseignement et recherche, [sa] conseillère budgétaire, [sa] conseillère filière végétale et [sa] conseillère presse soient des femmes ». On ne peut, en tout cas, que lui donner raison lorsqu’il conclue : « S’agissant du sexisme, il faut être continuellement vigilant. »
Anne-Laure Chanteloup