Un système d'accueil des demandeurs d'asile à bout de souffle. C'est le constat dressé dans un rapport intitulé « Droit d’asile en France : conditions d’accueil - État des lieux 2012 » par la Coordination française pour le droit d'asile, qui rassemble une vingtaine d'organisations de solidarité. Elle a ainsi mené une enquête dans 31 départements de 15 régions entre juin et novembre 2012. Et le résultat est alarmant. Des délais de procédure de plus en plus longs, des infrastructures d’accueil insuffisantes, des préfectures de région débordées, un accès aux soins difficile... « Tout cela pour un coût de plus en plus élevé alors que le service rendu aux demandeurs d’asile est de plus en plus défaillant », dénoncent les auteurs du rapport. C’est un véritable « parcours du combattant » que vivent les demandeurs d’asile venus en France pour échapper aux persécutions de leur pays et tenter de reconstruire leur vie.
Et avec « cette profonde détérioration du dispositif d’accueil des demandeurs d’asile », le rapport y voit « un état d’esprit général beaucoup plus rétif que jadis à l’accueil de l’étranger, et donc du réfugié ». Mais « aussi une logique technocratique, parfois sourde et aveugle » aux propositions des associations. Et de pointer du doigt la désorganisation et la complexification du parcours d’accueil des demandeurs « en raison de plusieurs réformes, conçues et mises en œuvre » ces dernières années, qui ont eu pour résultat d’allonger le temps de traitement des demandes d’asile. Pourtant, et c’est bien là le paradoxe, les demandes d’asile sont en baisse. En 2012, ils étaient 41 222 primo-demandeurs adultes, contre 61 400 en 1989 et 52 200 en 2003.
La Coordination française pour le droit d’asile demande alors une véritable réforme. Avec un objectif : « restaurer un accueil digne et respectueux » des réfugiés. Elle dresse ainsi une liste de « conditions minimales pour que l’asile soit un droit réel », pour « garantir aux demandeurs d’asile la possibilité de voir leur demande examinée dans le pays de l’Union européenne de leur choix », « garantir les conditions pour un examen de qualité des demandes de protection » et « garantir les droits des demandeurs d’asile et des personnes bénéficiaires d’une protection ». Comme le souligne Laurent Giovannoni du Secours catholique, dans une interview accordée à Libération, « aucun projet de loi sur cette question n'était au programme pour le premier semestre de l’année. On attend donc désormais le lancement rapide d’un vrai travail de réflexion entre les associations et le gouvernement. »
Caroline Moisson