Vengance… Elle n’est pas contente Delphine Batho. Certains en coulisses ont même dit qu’elle y allait « un peu fort ». Depuis qu’elle a été limogée pour avoir critiqué le budget du gouvernement, elle a repris son droit de « grande gueule » qu’elle exerçait dans l’hémicycle lorsqu’elle attaquait avec une bonne dose de punch politique, le gouvernement de François Fillon. Et en vérité, elle ne l’a pas remis aux calanques grecques son grand déballage contre son limogeage mais le lendemain, elle réglait déjà ses comptes en public. Et c’est dans une salle bondée de journalistes et de curieux que l’ex ministre a réglé ses comptes en rappelant qu’en aucun cas, elle n’avait « manqué à la solidarité gouvernementale », encore moins qu’elle voulait « rendre son tablier ni orchestrer une sortie retentissante en critiquant vivement mardi sur RTL, le budget de son ex ministère.
Les choses étant dites, l’ex ministre s’est «lâchée ». Transformée en Mélusine, Jean Marc Ayrault s’est fait prendre dans les pièges dangereux de sa vindicte. Elle a affirmé que ce dernier avait « changé de méthode » et qu’il « n'y a pas de débat collégial » sur le budget. « Je n'imaginais à aucun moment une réaction qui m'a paru disproportionnée, j'imaginais provoquer une discussion », a-t-elle encore soutenu pour commenter son limogeage. Manuel Valls plus laconique a commenté jeudi l’éviction de Delphine Batho comme un « Un choix qui s'imposait ». Mais pugnace, elle a poursuivi : « Mon éviction est aussi un message à mes ex collègues, pour leur dire que c'est fini, la collégialité au sein du gouvernement », avant de lancer : « Ce que je n'accepte pas, ce n'est pas de faire des compromis, c'est le tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et qui prépare la marche au pouvoir de l'extrême droite dans notre pays. » Elle a revendiqué un statut de « lanceuse d'alerte ».
Les Lobbies m’ont « tuer »
Ensuite, l’ex ministre a poursuivi sur sa lancée en s’affirmant victime de certains lobbies. Selon elle, « certaines forces économiques » liées notamment au gaz de schiste et au nucléaire auraient réclamé « sa tête ». Sans se démonter, elle a étayé cette thèse devant le parterre de journalistes réunis au Palais Bourbon. Et là, elle s’est appuyée sur un article de Challenges faisant état d’une déclaration du PDG de Vallourec. « Est-il normal que le patron de l'entreprise Vallourec directement intéressé par l'exploitation des gaz de schiste ait pu annoncer ma marginalisation des semaines à l'avance devant des responsables de son entreprise aux USA ? », a-t-elle demandé. « De quelle information disposait-il pour être si sûr de lui ? » a-t-elle encore insisté. Bien sûr, le patron de l'entreprise de tubes en acier Vallourec, Philippe Crouzet, n'est autre que l'époux de Sylvie Hubac, directrice de cabinet du président François Hollande…
Delphine Batho a ensuite déclaré avoir demandé « l’arbitrage personnel de Jean-Marc Ayrault » pour faire bouger le budget de son ministère. Ce qui a été tout de suite démenti par le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, qui a assuré qu'elle n'avait pas demandé de réunion d'arbitrage. Et dans la soirée, c’est Matignon qui a produit un démenti en affirmant que « Le budget de l'Ecologie n'est pas remonté à Matignon contrairement à celui de l'éducation, du travail ou de l'outremer ». Enfin, revancharde jusqu’au bout, l’ex ministre a souligné des différences de traitement entre les limogés du gouvernement puisque contrairement à elle, Jérôme Cahuzac avait, lui, été salué pour « son travail au service de la République ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Mardi sur RTL,Delphine Batho critique le budget de son ex ministère (RTL)