Le rapport choc pour une « politique repensée » de l’intégration

vendredi 13 décembre 2013
AP

Réformer la politique d’intégration. C’est le vaste chantier de Jean-Marc Ayrault. Qui commençait dès juillet 2012 lorsque le Premier ministre faisait part, lors de son discours de politique générale, de son « ambition de renouveler en profondeur l’approche des questions d’intégration en France ». Alors cet été, cinq groupes de travail, « auxquels ont participé des représentants des services de l’Etat, des collectivités territoriales, des associations, des partenaires sociaux ainsi que des chercheurs et experts du sujet », ont été constitués pour plancher sur différentes thématiques - « Faire société commune », « Habitat », « Protection sociale », « Connaissance reconnaissance », « Mobilités sociales ».

Première préconisation de ce rapport en cinq volets : l’abandon du mot « intégration ». Ce qui, « symboliquement », « peut constituer un signal fort pour celles et ceux qui sont soumis à cette injonction au quotidien et à tort ». Mais il devra être accompagné « d’une transformation du sens de l’action et de l’intervention publique qui soit visible », soulignent les experts mandatés par le gouvernement. Ce rapport pose aussi comme principe la « non désignation » des individus puisque « désigner c'est assigner et c'est stigmatiser ». Autres propositions avancées : autoriser le port du voile à l’école, la création d'un « délit de harcèlement racial » et d'une « Cour des comptes de l'égalité » ou encore la « reconnaissance de toutes les langues de manière identique ». Le rapport suggère également l'organisation « d'ateliers-débats de philosophie à tous les niveaux scolaires, sur des sujets tels que l'altérité, l'identité, les questions de genre, la religion ».  

Jean-Marc Ayrault a salué « la grande qualité de ces travaux ». Les conclusions « serviront de base au travail que le gouvernement engage désormais, pour définir les grands axes de la nouvelle politique d’intégration de notre pays ». Les discussions doivent démarrer début janvier, avec une réunion d’une partie du gouvernement autour du Premier ministre.

Mais si Jean-Marc Ayrault a assuré vouloir prendre son temps sur ce sujet sensible, les critiques n’ont pas tardé. « Rupture totale avec notre vision de l’assimilation républicaine » pour le président de l’UMP Jean-François Copé, « une déconstruction de la France unie et citoyenne » pour François Fillon, « une très grave provocation » pour la présidente du FN Marine Le Pen, « certaines pistes proposées sont des impasses, d’autres sont hasardeuses » pour le porte-parole des députés PS Thierry Mandon. Réponse de l’intéressé : « Ce n'est pas parce que je reçois des rapports que c'est forcément la position du gouvernement. » Jean-Marc Ayrault en a profité pour assurer que le gouvernement n'avait « évidemment pas » l'intention de réintroduire les signes religieux à l'école.

Caroline Moisson

Pour en savoir plus :

Refondation de la politique d’intégration : relevé de conclusions (Site du Premier ministre)

Le rapport sur l'intégration suscite une levée de boucliers (lepoint.fr)

Biographie de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre (Allgov France)

Laisser un commentaire