« Tempête au fond du bénitier » aurait chanté Georges Brassens ou « tempête au fond de la laïcité », c’est peut être ainsi que peut se résumer le nouveau mini tsunami gouvernemental que la France suit avec des yeux ronds depuis vendredi dernier. L’objet du délit est un rapport sur l’intégration mis en ligne par Matignon qui prône notamment l'autorisation du voile à l'école, la création d'un délit de harcèlement racial ou l'introduction de l'arabe et des langues africaines à l'école. Et pour échauffer encore plus les esprits, ces travaux comporte un préambule élogieux du Premier ministre Jean Marc Ayrault qui salue « la grande qualité des travaux ». Si les deux dernières mesures ne sont contestées que par l’extrême droite, l’autorisation du voile à l’école a fait souffler un vent d’émoi dans la France laïque. L’ancien ministre UMP François Baroin a un peu balayé la polémique en déclarant placide : « François Hollande a bien fait de réagir tout de suite. Il n'y a aucune majorité aujourd'hui en France, à droite comme à gauche, pour voter la remise en cause de la loi sur le voile ». Il voit dans cette polémique « un petit problème Ayrault-Valls ».
Toutes les mouches qui volent ne sont pas des idées
Le président de la République a été obligé d’intervenir soi même alors qu’il était en déplacement au Brésil et en Guyane pour dissiper ces doutes fâcheux que le rapport soulevait. François Hollande a assuré que ce rapport ne reflétait en rien la position du gouvernement. Laurent Fabius s’est exprimé à son tour lors du Grand Rendez-Vous Europe 1-Le Monde-i>TÉLÉ par une boutade volée à François Mitterrand : « Le rapport, je ne l'ai pas lu, j'en ai pris connaissance par les journaux et en le lisant, je pensais à une phrase que j'aimais beaucoup de François Mitterrand, qui disait : « Il ne faut pas prendre toutes les mouches qui volent pour des idées ». Le ministre des affaires étrangères a pourtant repris tout son sérieux lorsqu’il s’est dit opposer à « tailler en pièces la législation sur le voile » avant d’ajouter « Il y a une diversité de populations en France et il y a un creuset républicain, et c'est ce creuset-là qu'il faut développer ».
Laurent Fabius a aussi admis à demi-mots que le séminaire interministériel sur l'intégration républicaine et la lutte contre les discriminations prévu par Jean-Marc Ayrault le 9 janvier n'était pas des plus opportuns à deux mois des élections municipales. « Je vous confirme que l'élection ne se fera pas là-dessus », a-t-il affirmé et a dénié en même temps au rapport sur l’intégration toute « stratégie électorale ». De son coté, le ministre de l’intérieur Manuel Valls tout en dénonçant dans le Journal du Dimanche une instrumentalisation du document par le président de l’UMP, concède aussi qu’il contient « des aberrations et des propositions dangereuses qui mettent en cause ce qu'est la France, sa laïcité ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Loi sur le voile (Rappel)
Le président de la République mécontent (France TV Info)