Les Le Pen, pris dans les mailles de l’affaire Cahuzac

vendredi 12 avril 2013

Depuis les aveux de Jérôme Cahuzac le 2 avril, sur l’existence d’un compte caché en Suisse, les élus d’extrême droite ne se privent pas de faire leurs choux gras de l’affaire. En déplacement dans les Ardennes le jour suivant, Marine Le Pen s’est emparée du dossier en évoquant un « mensonge d’état » et en se disant totalement convaincue que « le président de la République et le premier ministre étaient au courant » de l'existence de ce compte. Mais le 3 avril, les révélations du Monde ont fini par éclabousser la présidente du FN, celle-là même qui répétait n’avoir « pas d’amis chez les grands patrons » mais aussi aucun proche « dans la grande finance ou dans les grands laboratoires pharmaceutiques ».

Pourtant, un homme relie directement le dossier Cahuzac à Mme Le Pen. Il s’agit de Philippe Péninque, proche de l’élue d’extrême droite (il avait réalisé l’audit du FN en 2007) et ancien membre du GUD (Groupe Union Défense), une organisation étudiante d’extrême droite connue pour sa radicalité. Cet ancien avocat, spécialisé dans les montages fiscaux, aurait en effet joué un rôle crucial en ouvrant lui-même le compte en banque pour l’ancien élu socialiste, en 1992. Les deux hommes auraient en effet partagé une longue amitié, allant jusqu’à se lancer ensemble dans les affaires. Ils auraient notamment investi dans des mines du Pérou au travers de la société La Rumine, avant de transférer une partie de l’argent accumulé vers la banque helvète UBS.

Philippe Péninque est donc loin d’être un figurant dans cette affaire qui n’en finit plus de remuer la bulle politique française. Selon lui, la présidente du FN n’aurait appris cette implication que très récemment : "Je lui ai dit que j'étais ami avec Cahuzac et peut-être que dans le cadre de mon activité professionnelle, j'avais ouvert ce compte". Cherchant à se dédouaner, il poursuivait : « ce qui est illégal c’est de ne pas déclarer un compte, pas d’aider à l’ouvrir ». Même son de cloche chez l’élue FN qui a jugé cet acte « complètement anodin ».

Les élus d’extrême droite devront donc aussi rendre des comptes à leurs militants, particulièrement depuis que Mediapart a révélé l’ouverture d’un compte de 2 millions de francs en Suisse par Jean-Marie Le Pen. Alors que ce dernier nie complètement son existence, sa fille l’a déjà contredit en voulant minimiser les faits : « De ce que j’en sais, ce compte était parfaitement légal et déclaré », avant de poursuivre : « Ce que je peux vous dire, c’est qu’il a fait un emprunt à l’UBS, confiait-elle. Ce n’est pas parce qu’on a un père, un frère, qu’on connaît l’intégralité des détails de leur existence patrimoniale. Je n’en sais strictement rien. »

Mathilde Leleu

Pour en savoir plus :

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/04/03/un-proche-de-marine-le-pen-a-ouvert-le-compte-de-m-cahuzac-chez-ubs-en-1992_3153137_823448.html

http://www.mediapart.fr/journal/france/090413/le-pen-son-compte-suisse-et-son-tresorier

http://www.linternaute.com/actualite/politique/philippe-peninque-un-proche-de-marine-le-pen-aurait-ouvert-le-compte-de-cahuzac-0413.shtml

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