« C'est indécent de voir un ministre de l'Intérieur se lancer dans une campagne anti-FN plutôt que de lutter contre les délinquants et les criminels qui pourrissent notre quotidien », a déclaré Marine Le Pen, dans le centre du village de Brachay, une commune de Haute-Marne de 65 habitants. La présidente du FN qui a décidé d’attaquer toute personne qualifiant le FN de parti d’extrême droite ne s’interdit pas pour elle-même, l’outrecuidance en qualifiant Manuel Valls d’ « arriviste » lancé dans « une campagne anti-FN ». Et pendant ce temps, Manuel Valls prépare un déplacement à Forbach, une ville de 30 000 habitants où le vice-président du FN, Florian Philippot sera tête de liste aux élections municipales. Tournée anti FN de Valls ? Ou tournée simplement « municipale » et de sécurité des territoires ?
Son entourage affirme qu’il ne s’agit en aucune sorte d’une reconquête du territoire FN par le ministre de l’intérieur mais d’une tournée dans les territoires où le « sentiment d'insécurité » est en hausse et ce sont justement ceux qui sont « perméables aux thèses du FN ». L’argument est de faire valoir la mise en place d’instrument capables de produire de la sécurité sur le terrain comme des « zones de sécurité prioritaires » qui ne sont pas destinées aux seules grandes agglomérations.
De nouvelles zones d’insécurité
Pourtant, dans l’entourage de Manuel Valls on concède que si le gouvernement parvient « à produire de la sécurité sur le terrain » cela devrait contribuer à battre en brèche le discours du Front National. Un argumentaire qui colle avec une étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) parue mi septembre et qui mettait en exergue que le sentiment d'insécurité avait progressé de 2 points entre la période 2007-2009 (14,20%) celle de 2010-2012 (16%). L’étude montre aussi que la « fréquence du sentiment d'insécurité (...) a augmenté plus fortement dans les maisons que dans les immeubles, en zone rurale ou en banlieue qu'en zone péri-urbaine ou en centre ville ». Et l’ONDRP observe une nouveauté : l’insécurité est plus tangible en Bourgogne, en Basse-Normandie et dans le Nord/Pas-de-Calais, des régions où les cambriolages ont récemment explosé. Alors que ce sentiment est moins fort en Ile de France ou en région Rhône Alpes.
L’extrême droite coursée sur ses terres ?
C’est pourquoi le ministre de l’intérieur a décidé de lancer des plans anti-cambriolages et anti-vols à main armée pour tenter d’endiguer le phénomène avec une attention particulière aux zones rurales et aux lointaines banlieues.
Florian Philippot a ironisé sur la visite annoncée de Manuel Valls à Forbach en estimant que c’était « le signe d’un certain affolement » des socialistes ». Il a ensuite enchainé sur le fait que le ministre de l’intérieur voulait « être candidat à la présidentielle et qu'il est en campagne » pour ajouter enfin, dans le format méprisant de l’humour de l’extrême droite : « Il essaie de courir derrière le Front national, mais uniquement verbalement (...) Valls est un peu un Sarkozy 2.0, la version mise à jour ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Forbach, ville FN ? (Le Républicain lorrain)
Une étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (étude officielle)