L’affaire semblait enfin entendue. À l’issue d’un long processus riche en rebondissements : Jean-François Copé a été proclamé nouveau président de l’UMP avec 98 voix d’avance. Mais coup de théâtre, ce mercredi le camp Fillon conteste les résultats. Les quelques 1 304 votes de trois fédérations d’Outre-mer, la Nouvelle-Calédonie, Mayotte et Wallis-et-Futuna, auraient été oubliés dans le décompte de lundi. Erreur qui lui a été confirmée par le président de la COCOE (commission d’organisation et de contrôle des opérations électorales). Il affirme que ces voix feraient basculer la victoire du coté de l’ancien Premier ministre, avec 26 voix d’avance. Dans un communiqué François Fillon, « attristé », déclare ne pas vouloir utiliser la voie juridique mais « réclame simplement la vérité ». Il appelle également Alain Juppé à « assurer de façon transitoire la direction » du parti « afin de trouver les voies et moyens de sortir de l’impasse. »
Cette nouvelle péripétie dans la course à la présidence du parti a donné lieu à une sorte de face-à-face par médias interposés : Alors que François Fillon, sur le plateau du journal télévisé de TF1, annonçait qu’il renonçait à la présidence de l’UMP mais entendait « défendre l’honneur de [son] parti » et réclamait le règlement de la question « d’une façon collégiale sous l’autorité d’un homme incontestable », Alain Juppé, sous peine de déposer un recours devant la justice, Jean-François Copé, sur le plateau du journal télévisé de France 2, déclarait ne pas pouvoir « imaginer qu’il aille à une telle extrémité ». Il n’en démord pas : « Ces résultats ont été proclamés ». Se disant « à la disposition » de François Fillon pour discuter, il ajoute « le problème n’est pas juridique mais politique ». Il a mis au défi son adversaire de saisir la commission des recours de l’UMP, rappelant que tous les résultats seraient réexaminés y compris ceux des Alpes-Maritimes, fief filloniste, que son camp contestait.
Également sollicité par 134 parlementaires et anciens ministres UMP dans une déclaration commune, l’ancien président fondateur du parti, Alain Juppé, se dit « prêt » à une médiation mais « à la condition absolue qu’elle se fasse avec l’accord et la collaboration des deux parties », « condition [qui] n’est à l’évidence pas remplie aujourd’hui ». Quant à la COCOE, son président Patrice Gélard précise qu’elle ne peut revenir sur les résultats déjà proclamés. C’est la commission des recours qui devient compétente pour ce litige, mais François Fillon déclare ne pas avoir confiance. Si recours il y a, ce sera devant la justice, ce qu’il veut éviter, mais il ira « jusqu’au bout » si on ne l’écoute pas. Ce que certains nomment « le congrès de Reims de droite » ne semble donc pas être à son épilogue.
Anne-Laure Chanteloup