La vidéo montre une foule en colère qui manifeste dans une agitation croissante. On est samedi 27 octobre. La tension monte à l’arrivée du maire de la commune, Frédéric Marchand, qui se fait finalement huer par la foule. Un manifestant le prend même à partie : « Monsieur, vous êtes d’Hellemmes d’origine ? ». Une femme accuse : « ça fait un an que je demande un logement, et moi on ne me donne rien. Vous trouvez ça normal ? »
A l’initiative de ce mouvement, et de ce « déferlement de haine » selon les mots du maire de la petite commune : l'ouverture d'un village d'insertion - et l’installation de cinq familles roms- à Hellemmes, petite ville de la banlieue lilloise.
« N’y allez pas, vous allez vous faire lyncher »
A la fin de la vidéo, le maire, visiblement choqué, témoigne. « J’ai eu peur parce que lorsque vous vous retrouvez au milieu de gens haineux comme cela, (…) qui considèrent que pour être un bon citoyen, il faut être né à Hellemmes, il faut être allé à l’école à Hellemmes, il faut avoir grandi à Hellemmes (…) Je n’ai même plus de mots tellement je suis surpris et vraiment attristé de ce déferlement de haine. »
Concernant les faits qui ont suscité cette violence, le maire est encore plus dubitatif :
« Je ne comprends pas un tel déferlement pour un projet qui ne touche finalement que cinq familles. Ils (les pères) étaient là, ils étaient venus ce matin et je leur ai dit : N’y allez pas, vous allez vous faire lyncher (…) Moi j’ai failli me faire lapider, ni plus ni moins. »
Au lendemain de cette manifestation, le maire a pris la décision de repousser la réunion publique qui devait se tenir mardi 30 octobre, afin d’apaiser les tensions. Il a toutefois ajouté que ce report n’entamait en rien sa volonté d’implanter un village d’insertion à destination de cinq familles roms, mais devait seulement « éviter la guerre civile ».
Les villages d’insertion passent-ils mal ?
Après Villeneuve-d'Ascq, Cysoing et Seclin, c'est donc un nouvel épisode de la difficile insertion des roms en métropole lilloise qui a eu lieu.
On se souvient par exemple, le 2 octobre dernier, que le préfet du Nord – Pas-de-Calais- retirait son projet d’implantation d’un camp de Roms dans la commune de Cysoing, en périphérie de Lille. Dans ce cas précis, le maire de la commune avait jugé "inhumain de mettre des gens sur ce terrain complètement inutilisable »
Les « Villages d’insertion » : l'idée de départ parait pourtant intéressante : elle consiste à reloger dans des logements en dur -la plupart du temps des préfabriqués- des familles roms habitant des bidonvilles. En contrepartie, les familles relogées s'engagent à cesser les activités de mendicité, à scolariser les enfants et à suivre des formations pour décrocher un emploi.
Infrastructures insuffisantes, opposition de la population, l’idée d’installer des « villages d’insertion » pour améliorer la situation des Roms en France est pourtant loin de faire l’unanimité. Premier problème soulevé par LeMonde.fr: Ces villages permettent la prise en charge d'un nombre finalement très limité de personnes. Second problème soulevé : les villages d’insertion coûtent cher.
Reste qu’à l’heure actuelle, une centaine de Roms expulsés cet été sont encore en attente de solutions de relogement.
Susie Bourquin