2 millions d'euros à sa prise de fonction en avril + 2 millions d'euros en janvier 2016 : un « bonus de bienvenue » de 4 millions d'euros pour le nouveau patron du groupe pharmaceutique français Sanofi. Auquel il faut ajouter une rémunération fixe annuelle de 1,2 million d'euros par an, une rémunération variable représentant de 150 à 250% de la rémunération fixe et une rémunération en actions. Autant dire que du côté du gouvernement et des syndicats, la pilule a du mal à passer.
« C'est incompréhensible », a estimé Stéphane Le Foll ce lundi matin sur RTL. « Comment tous ces gens, qui expliquent que c'est le mérite, que c'est l'économie libérale, le risque, la prise de risque qui doivent faire des résultats, ces gens-là, à peine prennent-ils la tête d'une entreprise, c'est-à-dire qu'ils n'ont pris aucun risque, sont déjà assurés d'avoir une rémunération sans commune mesure ? », a ajouté le porte-parole du gouvernement. Et d'expliquer : « Ce n'est pas du commentaire. On a plafonné les salaires au niveau des entreprises publiques. Il faut réaffirmer des règles. Un peu de morale. Ça pourrait être dans la loi. Mais le vrai problème, c'est que ces entreprises sont internationales. »
« Je ne trouve pas ça normal du tout », a lancé Ségolène Royal ce lundi matin sur BFMTV-RMC. « Ce qu'il faudrait, c'est un peu d'autodiscipline dans la décence des comportements. Il faut un peu de décence, notamment de la part des laboratoires pharmaceutiques qui vivent de la Sécurité sociale, donc des cotisations sur les salaires. » La ministre de l'Écologie « espère » qu'Olivier Brandicourt « renoncera à cette somme, ce serait un minimum ».
Même son de cloche du côté des syndicats. Une prime « choquante » pour la CFDT, « scandaleuse" pour la CGT « au regard de ce que vivent les salariés et chômeurs dans ce pays ». « On voit que le conseil d'administration soigne bien ses dirigeants plutôt que ses salariés », a commenté le syndicat sur France Info. Qui a précisé que « Sanofi se porte très bien financièrement, par contre ces cinq dernières années la direction a supprimé plus de 5 000 CDI en France ».
Chez Sanofi, on tente de désamorcer la polémique en justifiant ce bonus par le fait qu'il fallait compenser « les avantages auxquels il a renoncé en quittant Bayer son précédent employeur ».
Caroline Moisson
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