Députée des Deux-Sèvres, porte-parole de Ségolène Royal en 2007, puis de Hollande en 2012, Delphine Batho est devenue le 16 mai ministre déléguée auprès de la ministre de la Justice, garde des Sceaux, Christiane Taubira. Du militantisme étudiant à un gouvernement, portrait d’une femme, spécialiste de la sécurité au Parti socialiste comme à l’Assemblée nationale.
Elle est l’une des figures de la jeune génération socialiste. À 39 ans, la « Madame sécurité » du PS, proche de Ségolène Royal, a obtenu son premier poste ministériel à la Justice. Au fil des années, Delphine Batho s’est forgé une réputation de bosseuse, qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts.
C’est en 2007 lors de la campagne présidentielle que les électeurs découvrent cette jeune femme aux yeux bleus. Elle est alors porte-parole de Ségolène Royal. Pourtant, l’engagement politique de Delphine Batho, née en 1973, remonte à ses années collège. Elle est en classe de 5ème lorsqu’elle participe à sa première campagne associative, « Action-École » avec Médecins du Monde. Coluche, Daniel Balavoine ou encore Pierre Desproges : c’est à ses artistes engagés qu’elle doit principalement son militantisme.
Delphine Batho, issue de la génération Mitterrand à qui elle voue un profond respect, fait ses premières armes à la Fidl – syndicat étudiant qu’elle présidera entre 1990 et 1992 – et à SOS-Racisme – dont elle sera la vice-présidente de 1992 à 1998. En 1990, alors âgée de seulement 17 ans, de par sa participation active aux manifestations lycéennes contre les réformes de Lionel Jospin, alors ministre de l’Éducation nationale, Julien Dray la remarque.
En 1994, Delphine Batho prend sa carte au Parti socialiste, à la section de Grigny, dans l’Essonne. Elle milite au sein de la Gauche socialiste, mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon et Julien Dray. C’est aux côtés de ce dernier qu’elle commence à s’intéresser aux questions de sécurité.
Et de la sécurité, elle en a fait sa spécialité. Chargée de mission sur ces questions au conseil régional d’Île-de-France et auditrice de l’Institut national des hautes études de sécurité, Delphine Batho est secrétaire nationale du PS chargée de la sécurité entre 2003 et 2008. Ses positions sur ce sujet sont plus fermes que la ligne du parti. Ce qui lui vaudra de se faire repérer par Ségolène Royal qui la prend alors sous son aile. Car l’ex-candidate socialiste à la présidentielle compte bien ne pas reproduire la même erreur qu’en 2002 : laisser le thème de la sécurité cher à la droite et qui a contribué à la débâcle de la gauche lors de la présidentielle. Les deux femmes sont sur la même longueur d’ondes et plaident sans complexe pour un « ordre juste » et « l’encadrement militaire des mineurs délinquants ».
En juin 2007, Delphine Batho est « parachutée » – comme elle le dit elle-même – dans la circonscription des Deux-Sèvres de Ségolène Royal. « Parachutage » réussi, puisqu’elle l’emporte avec plus de 57% des voix. Un mandat qui lui ouvre les portes de l’Assemblée nationale, où elle devient vice-présidente du groupe socialiste. L’occasion pour elle de dénoncer la baisse des effectifs policiers ou encore les fichiers que le ministère de l’Intérieur a mis en place.
En 2011, Delphine Batho soutient toujours Ségolène Royal lors de la primaire socialiste, mais n’hésitera pas à rejoindre l’équipe de campagne de François Hollande par la suite. Elle occupe un poste de porte-parole aux côtés notamment de Najat Vallaud-Belkacem et de Bernard Cazeneuve, qui sont eux aussi entrés au gouvernement.
Seul couac dans son parcours : la polémique lors de la campagne présidentielle sur son logement, un appartement de 108m2 loué 1 524 euros par mois, soit environ 30% au-dessous des prix du marché. En mars, elle réfutait le fait d’habiter un logement social et parlait plutôt d’un logement « intermédiaire » qu’elle louait à la Régie immobilière de la ville Paris et pour lequel elle payait un surloyer. Pour clore la polémique, elle annonce au lendemain de sa nomination qu’elle a résilié son bail