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Nom: Nora Berra
Position actuelle: Ministre déléguée à la Santé

Médecin de profession, Nora Berra entre au gouvernement le 23 juin 2009 en tant que secrétaire d’État chargée des Aînés. Puis le 14 novembre 2010, après un remaniement ministériel, elle est nommée secrétaire d’État chargée de la Santé, auprès du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé. Portrait de cette femme, d'origine algérienne, quasiment inconnue du grand public, décrite comme une « battante » et qui incarne la diversité au sein du gouvernement Fillon III.

 

C'est en 1963, le 21 janvier, que Nora Berra voit le jour. Elle est la fille d’un tirailleur algérien, arrivé en France en 1937 et qui a passé cinq ans en prison durant la Seconde Guerre mondiale. Cinquième d'une fratrie de 11 enfants, elle a grandi dans une famille gaulliste dans la banlieue de Lyon. « Je suis issue d'une famille qui a toujours cru à l'ascenseur social », raconte-t-elle en juin 2009. « Mes parents étaient illettrés et ont toujours cru en la famille gaulliste, ils ont toujours été reconnaissants à De Gaulle pour l'indépendance de l'Algérie surtout après les affrontements passés. »

 

C’est sur les traces de ses origines, à Oran, en Algérie devenue alors indépendante, qu’elle décide de partir étudier la médecine entre 1984 et 1990. Une fois son diplôme en poche, Nora Berra revient en France et retrouve la ville de sa jeunesse. En 1991, c’est le début de sa carrière professionnelle. Elle rentre alors à l'hôpital Édouard-Herriot à Lyon comme interne en pharmacologie clinique. Entre 1992 et 1999, elle est praticien attachée en exploration fonctionnelle rénale, et de 1992 à 2009, attachée au service d’immunologie clinique, avec pour préoccupation première les patients atteints du VIH.

 

Parallèlement, de 1999 à 2009, elle travaille dans des laboratoires pharmaceutiques. Ingelheim, Bristol-Myers-Squibb, Sanofi Pasteur, tous les trois ont centré leurs recherches médicales sur le cancer du col de l’utérus, le VIH et l’hépatite B. Selon les propres mots de Nora Berra, cette expérience lui a donné une « aisance à négocier ».

 

De toutes ces années de pratique, découleront des travaux de recherche et d’engagement. Elle participe ainsi à la création d’un programme de prévention du VIH. Cette mère de deux enfants s’investit aussi au sein d’associations qui mettent en avant la diversité culturelle. La diversité, dont elle est l’un des symboles sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

 

Dix ans après le début de sa carrière professionnelle, elle fait ses premiers pas sur la scène politique. Et c'est ainsi qu'en 2001, elle devient conseillère municipale de Neuville-sur-Saône, une commune du nord de Lyon, dirigée à l’époque par le médecin de sa famille. Repérée par Dominique Perben, l’ancien ministre lui propose d'être tête de liste UMP dans le 8ème arrondissement de Lyon en 2008. En acceptant, Nora Berra se retrouve face à son chef de service à l'hôpital Édouard-Herriot, le socialiste Jean-Louis Touraine, 1er adjoint sortant de Lyon. Elle s'incline face à lui et devient conseillère municipale d'opposition dans la ville des Canuts.

 

L'année 2009 est décisive dans la carrière politique de Nora Berra. Elle va connaître une ascension fulgurante. Le 7 juin, elle est élue députée européenne dans la circonscription Sud-Est. Une surprise, surtout avec sa 5ème position sur la liste UMP – alors que le parti n’attendait que quatre élus – et après son échec de 2004. Mais elle fera un passage éclair à Strasbourg, puisqu’elle est rapidement appelée à d’autres fonctions.

 

Son nom avait été évoqué à plusieurs reprises, et le 23 juin, elle entre dans le second gouvernement Fillon. Elle est nommée secrétaire d'État chargée des Aînés, auprès du ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville. Un maroquin consacré exclusivement aux seniors, une première pour un gouvernement sous Nicolas Sarkozy. Avant, il revenait au secrétariat d’État aux Solidarités de s’en occuper. Elle a ainsi participé à la mise en œuvre de mesures pour lutter contre la maltraitance des personnes âgées, pour améliorer leur maintien à domicile ou encore la mise en place d’un plan Alzheimer et d’un plan canicule. Lors de la Journée internationale des personnes âgées, le 8 octobre 2009, elle représente la France à l’ONU.

 

En mars 2010, Nora Berra est élue conseillère régionale de la région Rhône-Alpes. Elle était tête de liste UMP dans le département du Rhône. Pourtant, en avril de l’année suivante, elle décide de mettre à son mandat. Pour se consacrer entièrement à son nouveau poste.

 

Car depuis le 14 novembre 2010, exit le secrétariat d’État chargé des Aînés : après un nouveau remaniement ministériel, elle a hérité du secrétariat d'État en charge de la Santé, auprès du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé. Une nouvelle fonction dont elle se dit « fière ». Elle succède ainsi à Roselyne Bachelot. Mais à peine est-elle nommée que Nora Berra doit faire face à une polémique. Elle est accusée de conflit d’intérêts par le PS, le Parti communiste et l'organisation de lutte contre le sida Act Up. Le député socialiste Gérard Bapt ira même jusqu'à demander jusqu'à sa démission. En cause : ses liens avec les laboratoires pharmaceutiques pour lesquels elle a travaillé pendant dix ans.

 

Récusant tout conflit d’intérêt, Nora Berra répond que son passé professionnel est, au contraire, un « atout », qui lui permet de connaître « les problématiques auxquelles ils sont confrontés ». Et de conclure : « L’intérêt général prime. »

 

Fin de la polémique ? Non, car avec l’affaire du Médiator, et le scandale qui a suivi – les autorités sanitaires estiment à au moins 500 le nombre de morts causés par le médicament anti-diabète du laboratoire Servier en plus de 30 ans –, Gérard Bapt est repassé à l’attaque. Nora Berra déclarait qu’ « il faudrait voir la relation d’imputabilité entre le médicament et ses effets. Donc il y a un gros travail de compilation de données, de connaissance et d’expertise à faire sur ce dossier ». Ce à quoi le député socialiste a répondu que la secrétaire d’État « conforte les communiqués de dénégation du laboratoire Servier ». Et de rajouter que le Premier ministre François Fillon « devrait constater qu'il n'a pas nommé Madame Berra au bon poste et lui demander de démissionner, sous peine que le gouvernement ne soit à nouveau empêtré dans un conflit d'intérêt interminable ».

 

Nora Berra a refait parler d’elle lorsqu'elle a associé homosexualité et VIH. C’est à la fin mars 2011, lors du débat sur le don d’organes dans le cadre du projet de loi sur la bioéthique au Sénat, qu’elle lance une phrase qui fera réagir opposition et associations. Ainsi, devant la commission des Affaires sociales, elle déclare que « la loi ne discrimine personne mais prend en compte les données épidémiologiques, selon lesquelles par exemple l'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH, donc une contre-indication de don ».

 

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Des propos « insupportables », de la « discrimination », selon Pierre Bergé, le vice-président de l’association Sidaction. « Inadmissible » pour Act Up qui estime que Nora Berra « entretient jusqu’au Sénat la stigmatisation des homos ». De son côté, la secrétaire d’État parle d’une mauvaise interprétation de ses propos et se défend de toute homophobie.

Il semble que la communication soit l’un des points faibles de Nora Berra. Arrivée sur le tard en politique, elle est loin d’en maîtriser tous les codes. Ainsi, elle se retrouve à plusieurs reprises la risée du web. Dans une vidéo « kitchissime », elle célèbre le huitième anniversaire des « Jeunes Pop » de l’UMP du Rhône. Filmée dans son bureau, elle affiche fièrement un t-shirt « Nora Berra avec les Jeunes Pop ». Et la scène se finit avec des coeurs. Plus récemment, elle s’est fait remarquer en donnant un conseil pour le moins maladroit. Alors que le froid sévissait en Europe, faisant des centaines de morts, elle avait dressé, sur son blog, une liste de recommandations. Ainsi, elle conseillait aux « personnes les plus vulnérables », parmi lesquelles les sans-abri, d’éviter de sortir de chez elles…

 

Pour autant, son avenir, c’est en politique qu’elle le voit. Ainsi, un an après son accession au secrétariat d'État chargé de la Santé, Nora Berra a lancé son think tank, un club politique, baptisé « Esprit Neuf », qu’elle décrit comme un « laboratoire d'idées », une « plateforme de réflexion et d'action réunissant des citoyens de tous les horizons, animés par des valeurs communes ».

 

Avec en ligne de mire, les élections législatives de 2012. Alors qu’elle brigue la 4e circonscription de Lyon, laissée libre par Dominique Perben, Nora Berra se verrait refuser l’investiture du parti. En cause, selon elle, ses origines algériennes. Une ironie pour celle qui incarne la diversité dans le gouvernement.

 

Site officiel : www.noraberra.fr

 

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