Retour aux personnalités

Offical

Nom: Patrick Ollier
Position actuelle: Ministre des Relations avec le Parlement

Une carrière politique entamée il y a plus de quarante ans. Devenir ministre, un rêve qu’il caressait depuis une vingtaine d’années et une consécration le 14 novembre 2010 : Patrick Ollier est enfin entré dans un gouvernement, accédant à la fonction de ministre chargé des Relations avec le Parlement sous le gouvernement Fillon III. Du Tchad au gaullisme, de la mairie de Rueil-Malmaison à un ministère, en passant par ses relations avec Kadhafi, portrait d'un homme qui a toujours été dans l'ombre de quelqu'un.

 

Né le 17 décembre 1944 à Périgueux, en Dordogne, Patrick Ollier est issu d’une famille d’agriculteurs et de commerçants. Mais c’est au Tchad qu’il passe une dizaine d’années de son enfance. Son père est alors directeur des travaux publics dans ce pays africain. Après le décès de ce dernier dans un accident de voiture, il rentre en France avec sa mère, et tous les deux s'installent à Aix-en-Provence. Dans un premier temps, Patrick Ollier décide de suivre les traces de son père. Et il commence alors des études de travaux publics. Mais elles ne l’intéressent pas vraiment, et il préfère finalement les abandonner. Il se tourne vers les Sciences Économiques et l’Institut d’Études Politiques. Et fait le choix de se consacrer entièrement à la politique.

 

Cette envie ne date d’ailleurs pas d’hier. En témoignent ses années de lycée et d’université. Car c’est dès l’âge de 16 ans, que Patrick Ollier s’engage derrière son modèle, le général Charles de Gaulle – l’un de ses livres préférés est d’ailleurs « Mémoires ». Et c’est ainsi qu’il fonde deux mouvements gaullistes : « l’Action Étudiante Gaulliste » en 1962, et trois ans plus tard, « l’Union des Jeunes pour le Progrès ».

 

Pourtant, c’est en tant que professeur d’économie qu’il commence à travailler. Nous sommes alors à la fin des années soixante, et il enseigne dans l’établissement où il a fait ses études supérieures. Une carrière qui sera brève, puisqu’en 1969, il quitte Aix-en-Provence, direction la capitale Paris.

 

Jusqu’au début des années 80, Patrick Ollier sera tour à tour chargé de mission et conseiller technique au sein de différents cabinets et ministères. Il est ainsi amené à travailler avec ceux qui deviendront ses mentors : Jacques Baumel, Pierre Messmer, Alain Peyrefitte, mais aussi Georges Gorse ou encore Paul Dijoud. Et bien sûr Jacques Chaban-Delmas, l’homme qui l’a repéré alors qu’il était Premier ministre sous Georges Pompidou. Une relation particulière lie les deux hommes. Jacques Chaban-Delmas donne ainsi du « mon fils » à Patrick Ollier.

 

À la demande de Jacques Baumel, alors maire de Rueil-Malmaison, Patrick Ollier s’installe dans cette ville des Hauts-de-Seine. Il est élu conseiller municipal avant d’être nommé, en 1977, maire-adjoint délégué à la jeunesse, aux sports et aux loisirs.

 

En 1981, après la défaite de la droite et l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir, Patrick Ollier se tourne vers le privé. Il rejoint le groupe sucrier Beghin-Say pour devenir conseiller auprès du PDG. Toutefois, même s’il s’est éloigné quelques années de l’administration, il n’en oublie pas pour autant la politique, puisqu'il s'investit toujours au sein du RPR. En 1986, il rejoint d'ailleurs l'équipe nationale du parti. La même année, les élections législatives mènent Jacques Chaban-Delmas à occuper la fonction de président de l'Assemblée nationale. Et il rappelle Patrick Ollier à ses côtés, qui signe ainsi son retour dans l’administration et qui devient conseiller pour les affaires politiques et parlementaires.

 

Mais au fil du temps, Patrick Ollier veut s’émanciper et se libérer de ses mentors. Il part alors à la conquête des Hautes-Alpes. Et enchaîne les succès : il est élu député RPR de la 2ème circonscription des Hautes-Alpes entre 1988 et 2007, maire de La Salle-les-Alpes de 1989 à 2001 et conseiller général de 1992 à 2001.

 

En 2001, il fait son retour à Rueil-Malmaison. Il est parfois bien difficile de s’affranchir de ses mentors. Surtout lorsqu’il s’appelle Jacques Baumel, et qu’il veut absolument que ce soit Patrick Ollier qui lui succède à la mairie. D’abord élu député UMP de la 7ème circonscription des Hauts-de-Seine, il devient maire de Rueil-Malmaison le 18 juin 2004. En remplacement de Jacques Baumel, comme ce dernier l’avait souhaité. Il sera réélu en 2008.

 

Le 7 mars 2007, il accède à la présidence de l’Assemblée nationale. Il remplace ainsi Jean-Louis Debré, qui a été nommé à la tête du Conseil constitutionnel. Seul candidat en lice, il a été élu par 248 voix sur 267 votants – l’opposition n’a pas participé au scrutin. Mais il n’y fera qu’un bref passage : l’élection présidentielle ayant lieu dans quelques semaines, la session parlementaire a été clôturée le 22 février, et l’Assemblée ne se réunit donc plus. Encore une fois, il marche dans les pas de Jacques Chaban-Delmas. En raison de son « mandat de transition » de trois mois et pour éviter toute polémique, il renonce aux privilèges à vie – notamment voiture de fonction, bureau et secrétariat – que confère la fonction de président de l’Assemblée.

 

Durant ces années parlementaires, Patrick Ollier a inventé le « dividende du travail » : lorsque l'entreprise fait des bénéfices, une somme - non imposable - est versée aux salariés. Concernant la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU), il a plusieurs fois demandé son amendement, et plus particulièrement pour abaisser le quota de 20% de logements sociaux obligatoires. Il s'est également penché sur la question des énergies renouvelables. Une première fois, en 2005, il a présenté un amendement sur les énergies éoliennes, qui visait à relever à plus de 30 MW (contre 12) le plancher d'achat obligatoire par EDF de l'électricité produite par les parcs éoliens. Une seconde fois, en 2010, il a remis un rapport qui mettait l’éolien sur la sellette.

 

Mais s’il a eu une longue carrière de parlementaire, il avait en revanche fait une croix sur un mandat ministériel. « Le drame de l’amour », comme il le disait lui-même en plaisantant. Cantonné à son rôle de compagnon de l’ombre de Michèle Alliot-Marie, qui lui vaut le surnom de POM. C’est donc une surprise lorsque le 14 novembre 2010, il devient ministre chargé des Relations avec le Parlement. La passation de pouvoirs avec Henri de Raincourt, le jour suivant, a lieu à l'Hôtel de Clermont. Là où il a commencé sa carrière politique aux côtés de Jacques Chaban-Delmas…

 

Mais au-delà de ce moment symbolique pour lui, en entrant dans le gouvernement Fillon III, il rejoint surtout sa compagne à la ville, Michèle Alliot-Marie, passée de ministre de la Justice et des Libertés à ministre des Affaires étrangères et européennes. Un couple dans un même gouvernement : une première dans l’histoire de la Vème République. POM et MAM sont ensemble depuis 1988. Une histoire d’amour qu’ils ont gardé secrète pendant 10 ans. « J'ai le sentiment d'avoir été très injuste à l'égard de Patrick Ollier dans la mesure où, pendant plus de dix ans maintenant, le fait que nous vivions ensemble l'a privé d'avoir la carrière à laquelle ses compétences, son sens des relations le destinaient tout naturellement », a déclaré Michèle Alliot-Marie au lendemain de la nomination de son compagnon.

 

Mais le couple va rapidement se trouver dans la tourmente. L'affaire est révélée par le Canard Enchaîné en février 2011. Il est reproché au couple de ministres d'avoir utilisé, à la fin de l'année 2010, le jet d'un homme d'affaires proche du clan Ben Ali, alors que la Tunisie était en pleine révolution. MAM s’explique, se défend, fait son mea culpa mais refuse de démissionner. POM vient à son secours et reconnaît que l’homme d’affaires Aziz Miled est plus « l’un de ses amis » que celui de sa compagne.

 

Il faut dire que Patrick Ollier, président de la Commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale depuis 2002, entretient des relations privilégiées avec le monde arabe. Il est d’ailleurs le « Monsieur Libye » du gouvernement. À cette position, il s’y est imposé au fil des années. Il a d’ailleurs effectué de nombreux voyages dans ce pays pendant ces années de parlementaire. Et jusqu’à son accession au ministère, il était même le président du groupe d’amitié France-Libye, qu’il a fondé en 2003, et qui se voulait « l'instrument d'un partenariat renforcé dans tous les domaines de coopération, culturel, économique et scientifique. »

 

Patrick Ollier et le colonel Mouammar Kadhafi sont amis. Et le lien est tellement fort entre les deux hommes, que l’un appelle l’autre « son frère » et que l’autre n’hésite pas à le défendre. Comme en décembre 2007, lorsque le dictateur libyen était de passage à Paris. Lors d’une interview accordée à Europe 1, Patrick Ollier déclarait que « le colonel Kadhafi, depuis 2003, a donné toutes les preuves qu’on attendait de lui » en ce qui concerne le terrorisme. « Kadhafi veut s'ouvrir au monde occidental, il faut l'aider », affirmait Patrick Ollier.

 

Lorsque la Libye s’est enflammée à la mi-février de l’année 2011 pour faire tomber le Guide libyen, Patrick Ollier est resté discret. Ce ne sera que quelques temps plus tard qu’il sortira enfin de son silence. S’il condamne « la dérive du colonel Kadhafi », pour autant, il ne regrette pas ce qu’il a fait « dans l’intérêt général », comme il l’explique sur la chaîne Public Sénat. Et d’analyser qu’« à l’époque, la France avait le souci de lutter contre le terrorisme et Al-Qaida, et l’immigration clandestine et d’établir des relations commerciales utiles avec un pays qui se développait. »

 

Son amitié avec Kadhafi a suscité l’intérêt des services secrets. Et plus particulièrement du général Philippe Rondot qui a mené une enquête sur Patrick Ollier en 2004, selon le quotidien Libération. Rondot le suspectait de « compromissions » dans plusieurs pays arabes.

 

Lors du dernier remaniement ministériel fin février 2011, Patrick Ollier a été épargné, gardant le même maroquin, MAM a, elle, été sacrifiée. Il avait pourtant dit que si elle partait, il s'en irait aussi…

 

Le 6 mars 2012, l'Assemblée nationale a achevé cinq ans de travail parlementaire. Au total, ce sont 264 lois qui ont été adoptées. Une hausse de 11% par rapport à la législature précédente. Un résultat qui s’explique notamment, selon Europe 1, par les méthodes peu conventionnelles de Patrick Ollier.

 

Site officiel : http://www.patrick-ollier.com/

Bookmark and Share