Roselyne est née Narquin le 24 décembre 1946 à Nevers. « Elle a commencé par se prendre pour Jésus en venant au monde la nuit de Noël. », raconte Libération. Mais c’est avec le nom de son aujourd’hui ex-mari Bachelot qu’elle se fait connaître au début des années 80.
Roselyne Bachelot-Narquin n’est pas énarque. Elle est docteur en pharmacie, diplômée à l’âge de 42 ans après avoir interrompu pendant plusieurs années ses études universitaires. C’est donc dans le domaine de la pharmacie qu’elle entame sa carrière professionnelle dès 1969. Ses employeurs s’appellent Ici-Pharma et SoguiPharm. Elle est « déléguée à l'information médicale » pour le premier (1969-1976), « chargée des relations publiques » pour le second (1984-1989). Mais ses détracteurs préfèrent le terme de « lobbyste » à la version officielle. D’ailleurs, son parcours dans l’industrie pharmaceutique ne manquera pas de faire polémique une fois à la tête du ministère de la santé, de la jeunesse et des sports, en 2007.
Dans le même temps, Bachelot est titulaire d’une pharmacie (1984-1991) et siège au conseil d’administration du CHU d’Angers (1986-2004).
Ses mandats électoraux
Le chaudron de la politique, Roselyne Bachelot-Narquin est tombée dedans quand elle était toute petite. « Avoir des parents qui sont des héros, c’est quelque chose qui ‘booste’, et qui donne de la politique une idée qui n’est pas vulgaire. », explique cette fille d’un ancien résistant et député gaulliste à France Soir.
Bachelot fait ses premières armes à l’âge de 30 ans, sous les couleurs du RPR. Elle s’inscrit durablement dans le paysage électoral local en enchaînant les mandats. Elle est d’abord conseillère générale de Maine-et-Loire (1982-1988) puis conseillère régionale (1986-2007) et vice-présidente de la région des Pays de la Loire (2001-2004).
Sur les pas de son père Jean Narquin, elle entre à l’Assemblée Nationale en 1988. Elle est réélue quatre fois dans sa circonscription du Maine-et-Loire (1988-2002 ; 2007). Ses travaux parlementaires sont principalement orientés vers la santé, la protection sociale, l’exclusion, la bioéthique et le handicap.
Dans la lignée de son engagement auprès des personnes en situation de handicap, elle préside le groupe parlementaire qui leur est dédié en même temps que le Conseil national des personnes handicapées (1995-1998). Elle siège également au Comité d’honneur de l’Association des paralysés de France.
En 2004, elle est propulsée au parlement européen, avec la promesse faite à ses électeurs de la région Grand Ouest de « rester proche du terrain ». Elle siège alors à la commission des affaires sociales et de l'emploi.
En janvier 2012, Roselyne Bachelot-Narquin annonce dans les colonnes du Figaro Magazine son choix de ne pas se présenter aux prochaines élections législatives. « Ce n’est pas une foucade. C'est une décision que j'ai prise il y a fort longtemps. Je veux continuer ma vie politique autrement », assure-t-elle. Et puisqu’elle n’aura pas à se battre pour sa propre réélection, elle compte bien « jeter toutes ses forces » dans la campagne de Nicolas Sarkozy, son champion.
Ses fonctions ministérielles
La carrière politique de Roselyne Bachelot-Narquin prend une nouvelle dimension en 2002. Elle est d’abord nommée porte-parole du candidat Jacques Chirac. Puis, dans la foulée de la victoire présidentielle, elle décroche le portefeuille de l'écologie et du développement durable au sein du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Elle y dirige notamment les travaux de rédaction de la Charte de l’environnement.
Ses prises de position en faveur de la chasse ou de l’énergie nucléaire, qu’elle juge être « la moins polluante », lui valent de se mettre à dos le mouvement écologiste. Au terme de ses fonctions en 2004, « Le bilan est faible », estime Nicolas Hulot. Moins tempéré, son prédécesseur Yves Cochet déclare : « Il était difficile de faire plus mauvais et moins impliqué ». Des conclusions réfutées par la ministre. « J'ai fait beaucoup de choses, et j'ai réussi. Je suis fière de moi. », affirme-t-elle dans une interview à Libération, énumérant comme autant de succès « la loi sur les risques qui portera mon nom » [NDLR : prévention des risques technologiques et naturels], « un plan bruit, un plan air, un plan déchets » ou encore « l'apaisement sur le dossier de la chasse ».
Roselyne Bachelot-Narquin fait son retour au sommet de l’état sous la présidence de Nicolas Sarkozy, auquel la chiraquienne s’est maintenant ralliée. Entre 2007 et 2010, elle est ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, dans l’équipe du premier ministre François Fillon, son ami de longue date.
Réforme des franchises médicales et du financement de la sécurité sociale, plans de lutte contre la maladie d’Alzheimer et contre le cancer font partie des grands dossiers à sa charge. Son ministère est marqué par la polémique autour du plan de vaccination contre la grippe H1N1. On l’accuse de collusion avec l’industrie pharmaceutique pour laquelle elle a travaillé une douzaine d’années. Des attaques « surprenantes » et « injustes », selon elle. « Je n'ai pas derrière mon épaule un gourou à la solde des labos », se défend Bachelot dans le JDD en octobre 2009. « Sur le plan éthique, proposer la vaccination contre le H1N1 à l'ensemble de la population était et reste parfaitement justifié », soutient la ministre.
En novembre 2010, Roselyne Bachelot-Narquin survit au nouveau remaniement du gouvernement François Fillon. Elle ferme la porte du ministère de la santé, de la jeunesse et des sports pour ouvrir celle des Solidarités et de la Cohésion sociale. Sur son bureau se trouvent les chantiers du revenu de solidarités actives (RSA), de la condition des femmes, du handicap, de la famille et le très attendu chantier de la dépendance sous la forme notamment d’un grand débat national.
Alors même que Nicolas Sarkozy en avait fait une promesse phare de sa campagne en 2007, la réforme de la dépendance des personnes âgées est finalement avortée. À quelques mois de l'échéance présidentielle de 2012, Sarkozy, qui plante déjà les jalons de son prochain bilan, justifie l'abandon de la réforme en assurant que « traiter ce dossier de façon exhaustive dans le contexte actuel n'aurait pas été responsable, tout simplement parce qu'on ne peut pas traiter la dépendance en créant simplement de la dette et donc en reportant son financement sur les générations futures. »
Ses convictions
Roselyne Bachelot-Narquin se démarque par son engagement militant dans les associations de lutte contre le Sida et pour les droits des femmes. Elle est notamment rapporteur général de l’Observatoire sur la parité entre hommes et femmes, de 1995 à 1999.
Mais c’est avec la cause « gay » qu’elle se fait un nom auprès du grand public. En 1998, elle défend ardemment le PACS contre l’avis de sa propre famille politique. L’intervention de Bachelot à la tribune de l’Assemblée Nationale fait mouche. « Pendant quelques secondes, Roselyne Bachelot est secouée d’un long sanglot : c’est un de ces rares moments où l’hémicycle tout entier est sous le coup de l’émotion. » se souvient l’ethnologue Marc Abélès.
Plus récemment, en 2011, elle s’attire les foudres de l’UMP en soutenant le mariage civil pour les personnes du même sexe. « Ses déclarations sont scandaleuses », fustige Philippe Meunier qui, avec deux autres députés de la Droite populaire, réclame alors son départ du gouvernement.
Roselyne Bachelot-Narquin, le personnage médiatique
Que ce soit pour ses tailleurs fuchsia, son rire de Castafiore ou sa liberté de ton, il est difficile d’ignorer Roselyne Bachelot-Narquin. Sa façon « électron libre » d’avancer en politique et de défendre ses idées en font un personnage plutôt sympathique en même temps qu’une cible idéale pour les médias.
C’est aux commandes du ministère de l'écologie et du développement durable que Bachelot se gagne une réputation de « gaffeuse ». Ses mesures face à la canicule meurtrière d’août 2003 sont jugées trop terre-à-terre (« garer les voitures à l'ombre »). Les humoristes s'engouffrent dans la brèche. Les Guignols de l’info, l’émission satirique de Canal Plus, la présentent comme une « ménagère de moins de 50 de QI ». Et puis il y a son malheureux scoop sur les problèmes de surdité du chef de l’État, Jacques Chirac, en novembre 2003 sur RTL. Bachelot est en désamour avec l’Elysée ; certains parlent même d’une « erreur de casting ».
« Si un homme dit fortement ce qu'il pense, c'est une opinion. Si c'est une femme, c'est une gaffe. Une femme, ça ferme sa gueule ! Une femme ministre, ça lit les notes préparées par un collaborateur du Premier ministre ! » s’agace-t-elle dans une interview pour Le Point en avril 2004.
Quelques années après son passage au ministère de l'Ecologie et du développement durable, l'image de Bachelot-la gaffeuse s’est estompée. Reste Bachelot-la rigolote, plus discrète. « L’humour est une hygiène de vie du politicien », affirme-t-elle dans l’émission télé Politiquement drôle. Un sens de la blague probablement hérité de son père qui lui citait Jules Renard : « Tu préférerais perdre une amie que rater un bon mot ».
En 2009, dans un sondage organisé par L’Express, elle est même désignée par ses paires la ministre la plus drôle du gouvernement.
Sa vie privée
Roselyne Bachelot-Narquin est la fille de Jean Narquin et d'Yvette Le Dû, tous les deux chirurgiens dentistes. Elle est aussi la mère d’un fils, Pierre, né en 1970 de son union avec Jacques Bachelot.
Ses récentes responsabilités au sein de partis politiques
En 2004, presque 30 ans après son entrée en piste sous l’étandard du RPR, Roselyne Bachelot-Narquin saute le pas et rejoint le Bureau exécutif de l'UMP. Elle est d’abord Secrétaire nationale puis, en janvier 2006, elle est nommée Secrétaire générale adjointe par Nicolas Sarkozy.
Bibliographie
Le combat est une fête, Editions Robert Laffont, 2006
Les maires : fête ou défaite ?, Editions Anne Carrière, 2002
Le Pacs, entre haine et amour, Editions Plon, 2000
Deux femmes au royaume des hommes, en collaboration avec Ghislaine Ottenheimer, Hachette Littérature, 1999