Xavier Bertrand est le ministre du Travail, de l'emploi et de la santé depuis novembre 2010, dans le gouvernement dirigé par François Fillon. Considéré comme opportuniste dans le choix de ses alliances, l'homme s'est forgé un destin local puis national à la force du poignet, après avoir acquis les codes du monde politique. Sa capacité à prendre en charge les dossiers les plus épineux, et à en faire autant de leviers servant sa cause et son image, le font remarquer au sein de sa famille politique, où il gravit rapidement les échelons.
Xavier (René Louis) Bertrand est né le 21 mars 1965 à Châlons-sur-Marne (rebaptisée Châlons-en-Champagne depuis 1997), dans le département de la Marne. Il est le fils de Madeleine Bedin et Jean-Pierre Bertrand, âgés de 18 ans au moment de la conception de leur enfant. Encore mineurs, ils obtiennent une dérogation pour se marier puis mettent un terme à leurs études. Tous deux embrassent ensuite une carrière dans l'univers de la banque.
L'actuel ministre est titulaire d'une maîtrise de droit public et d'un diplôme d'études supérieures spécialisées d'administration locale, obtenus à l'université de Reims Champagne-Ardenne. C'est toutefois dès l'âge de 16 ans, au moment de l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand, que Xavier Bertrand milite au parti du Rassemblement pour la république auquel il adhère, avant d'en gravir tous les échelons. Assistant parlementaire de Jacques Braconnier, sénateur de l'Aisne, en région Picardie, en 1987, il intègre le conseil municipal de Saint-Quentin en 1989 après avoir brigué le poste de maire, sans succès. Il débute parallèlement une carrière d'agent d'assurance général en 1992, année où il bataille également, aux côtés de Philippe Séguin, contre le projet de loi autorisant la ratification du traité de Maastricht. Ce dernier, soumis en France à référendum d'initiative populaire, est approuvé d'extrême justesse par les électeurs.
Xavier Bertrand est désigné en 1995 (puis reconduit deux fois jusqu'en 2008) adjoint au maire de Saint-Quentin, en charge de l'animation et du développement. Agé de 30 ans, il renforce alors son ancrage régional en devenant membre à la fois de la Communauté d'agglomération de Saint-Quentin de 1995 à 2001 (dont il devient vice-président jusqu'en 2008), et du Conseil général de l'Aisne (de 1998 à 2002).
Le destin national de Xavier Bertrand prend son envol en 2002, lorsqu'il se fait élire député de la seconde circonscription de l'Aisne, alors détenue par les socialistes. Remarqué en 2003 par Alain Juppé, à l'époque président de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), il devient l'année suivante rapporteur à l'Assemblée Nationale du projet de loi sur la délicate réforme des retraites. Cette proposition suggérait notamment le relèvement de l'âge du départ à la retraite, adopté depuis par le Palais Bourbon. Nommé en 2004 secrétaire d'Etat à l'Assurance Maladie dans le gouvernement conduit par Jean-Pierre Raffarin, sous la tutelle du ministère de la Santé et de la protection sociale (puis des Solidarités et de la famille), le ministre Philippe Douste-Blazy le charge plus particulièrement de la réforme de l'Assurance maladie. Cette dernière a notamment instauré le parcours de soins coordonnés.
Après l'échec du second référendum, qui soumet la question du traité prévoyant une constitution pour l’Europe, à laquelle l'actuel ministre était cette fois favorable, le nouveau Premier ministre Dominique de Villepin le désigne en 2005 ministre de la Santé et des Solidarités. Xavier Bertrand démissionne moins de deux ans plus tard, en mars 2007, après avoir apporté son soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle, qui se déroule la même année. Il en avait été nommé porte-parole trois mois auparavant. Il voit ses efforts récompensés après l'avènement de l'actuel président de la République, qui le propulse alors ministre du Travail, des relations sociales et de la solidarité, en charge de nouveau de la réforme des retraites. Cette nomination l'oblige à démissionner de sa fonction de député alors même qu'il est réélu dans la même circonscription dès le premier tour de scrutin.
L'élection de Xavier Bertrand à la tête de l'UMP en 2009, après en avoir été secrétaire général, lui fait abandonner son portefeuille ministériel. N'ayant pas l'obligation, à la faveur du paquet électoral, adopté par le Parlement en 2008, de se soumettre de nouveau au vote des électeurs, il retrouve ainsi son fauteuil de parlementaire à la Chambre basse jusqu'à fin 2010, année de son affectation à son ministère actuel. Il est par ailleurs renforcé la même année dans sa représentation locale en accédant à la tête de la mairie de Saint-Quentin, après la démission du maire Pierre André.
"Nous disons tranquillement à Xavier Bertrand que le Courrier picard continuera à poser ses questions et à remplir sa mission d'information, selon sa ligne éditoriale, sans complaisance ni agressivité." C'est ainsi que répond le rédacteur en chef du quotidien régional quelques jours après la virulente intervention du ministre, en janvier 2010, sur une chaîne de télévision parlementaire française. Il répondait à un journaliste de la rédaction locale qui l'interrogeait sur ses intentions de se présenter aux prochaines élections municipales, après que le maire en place Pierre André ait annoncé son départ prématuré pour raisons de santé. Abstraction faite des relations souvent difficiles entre l'organe de presse et l'homme politique, cet incident n'est pas sans rappeler le qualificatif de "tueur froid et efficace" dont il fait l'objet dans un ouvrage publié en 2010.
L'attachement affiché du Courrier Picard à sa liberté d'expression fait écho à un autre incident, en novembre 2008, cette fois-ci entre le cabinet ministériel de Xavier Bertrand et un journaliste du quotidien Le Monde. Ce dernier aurait fait l'objet d'écoutes téléphoniques en 2008 alors qu'il s'apprêtait à co-publier un livre sur l'actuel ministre.
Collectionneur de toupies à ses heures, Xavier Bertrand est également un homme de réseaux. Il révèle, en 2008, son appartenance à l'obédience maçonnique du Grand Orient de France, le cercle au sein duquel il aura été le plus assidu en neuf ans d'allégeance déclarée. Frère dans la loge des, Fils d'Isis à Tergnier, dans l'Aisne, il est le seul ministre connu en exercice à avouer être franc-maçon.
Instigateur bien inspiré de la plage de Saint-Quentin, idée reprise non sans succès six ans plus tard par la mairie de Paris, Xavier Bertrand n'hésite pas à s'emparer de dossiers épineux relevant de la protection sociale et de la santé publique. Il a notamment mis en œuvre l'interdiction de fumer dans les lieux publics, effective depuis 2007, et affronté les accusations de manque de moyens dégagés par l'Etat face à l'épidémie de chikungunya qui a frappé l'Ile de la Réunion en 2005-2006. L'actuel maire de Saint-Quentin compte également à son actif la création, toujours en 2007, d'un corps de réserve sanitaire chargé de répondre aux menaces de grande ampleur liées à la santé publique.
L'affaire dite du Mediator demeure néanmoins le dossier le plus délicat actuellement sur les bureaux du ministère de Xavier Bertrand. Ce médicament, commercialisé en 1976 par les laboratoires Servier, destiné initialement aux diabétiques en surpoids, était essentiellement prescrit comme coupe-faim. 145 millions de boîtes auraient été vendues depuis sa mise sur le marché, uniquement en France. Il est finalement interdit à la vente dans l'Hexagone en novembre 2009, après que cinq millions de personnes l'aient toutefois utilisé. Il aurait notamment provoqué des effets néfastes sur les valves cardiaques des patients, avec des conséquences dramatiques dans certains cas.
Le scandale du Mediator qui, selon une récente étude, aurait provoqué la mort d'au moins 1 300 personnes, est le révélateur de lourds dysfonctionnements des autorités publiques en matière de sécurité sanitaire. Un fonds public d’indemnisation a été créé en avril 2011, avant notamment l'ouverture d'un procès pénal en mai 2012 pour tromperie aggravée. Cette comparution rapide au tribunal marque les prémices d'une longue bataille judiciaire contre les laboratoires Servier, et plus particulièrement à l'encontre du fondateur et PDG du groupe éponyme, dont Nicolas Sarkozy fut l'avocat d'affaires pendant plus de 15 ans.
Xavier Bertrand est marié en secondes noces depuis 1998. Son épouse, Emmanuelle Gontier, est conseillère en ressources humaines. Deux enfants jumeaux sont nés de cette union, en 2007 : un garçon, Malo, et une fille, Ambre. Sa fille aînée, Caroline (1996), est quant à elle le fruit d'un précédent mariage.