La Journée mondiale du refus de la misère s'est déroulée le 17 octobre, comme chaque année depuis 25 ans. Elle est à l'origine de la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, désignée par l'ONU dans sa résolution A/RES/47/196 du 31 mars 1993 et destinée à encourager l'élimination de la misère dans le monde. Elle est l'occasion, selon les contextes nationaux, de reconnaître les efforts et le courage des personnes confrontées à une extrême pauvreté, et de faire entendre leur voix.
Cette journée mondiale est née le 17 octobre 1987, à l'initiative de l'association ATD Quart Monde, fondée en 1957 par le père Joseph Wresinski. Il la crée avec quelques familles qui résident alors dans un camp de relogement à Noisy-le-Grand, en région parisienne, camp qui avait lui-même été établi par le Mouvement Emmaüs, créé par l'Abbé Pierre. Cette première journée historique aboutit à un rassemblement de 100.000 personnes, unies en hommage aux victimes de la faim, de la violence et de l'ignorance.
Ce regroupement eut lieu sur le Parvis des Droits de l'Homme et des Libertés, place du Trocadéro à Paris, soit à l'emplacement-même où fut adoptée en 1948 la Déclaration universelle des droits de l'homme.
A l'image de ce symbole fort, et plus particulièrement en France, la Journée mondiale du refus de la misère poursuit trois objectifs principaux : donner la parole aux plus démunis, mobiliser les citoyens et responsables publics, enfin, constituer un point d'appui pour une lutte de fond contre la misère tout au long de l'année. Le thème de l'année 2012 est de mettre fin à la violence de la misère grâce à une mobilisation commune, synonyme de paix sociale. En effet, bien qu'essentiellement économique, la précarité a également sur les personnes qui la subissent des incidences principalement physiques, morales, sociales et affectives. Ces mêmes incidences ont une influence directe sur leurs capacités de maintien dans la société comme sur l'entretien de leur sociabilité quotidienne.
Les personnes en situation de précarité subissent également l'individualisme de plus en plus exacerbé de la société, destructeur du lien humain et producteur d'exclusion. Ces personnes proviennent de tous horizons : retraités, travailleurs pauvres, travailleurs à temps partiel subi, familles monoparentales ou encore jeunes adultes. Ces personnes ont notamment besoin de se maintenir dans leur logement, sans lequel elles se retrouvent rapidement aux portes de l'exclusion. Par ailleurs, le premier besoin qu'expriment les personnes sans abri est le réconfort. Elles souhaitent être reconnues comme des personnes à part entière, respectées dans leur citoyenneté.
Venant en appui des différentes actions de l'Etat en faveur de la lutte contre l'exclusion sociale, le secteur associatif, à la hauteur de ses moyens, compense cette rupture dans la chaîne de solidarité par un ensemble d'actions d'aide alimentaire, d'insertion sociale, de suivi médical, d'hébergement, de soutien financier ou encore d'assistance psychologique. Entre autres exemples figure l'une des plus anciennes de ces associations, La Mie de Pain. Créée il y a 125 ans, son action consiste principalement à porter assistance aux personnes en danger et à leur apporter un accompagnement dans un objectif d'intégration sociale et professionnelle. Cette association prend ainsi appui sur la 25ème Journée mondiale du refus de la misère pour inaugurer son centre d’accueil de jour pour les sans-abri, reconnu Espace Solidarité Insertion par les pouvoirs publics. Plus grand centre d'accueil de jour en France, l'Arche d'Avenirs répond aux besoins vitaux des plus démunis. A l'instar de nombreuses autres structures de cette nature, relevant d'associations diverses, elle assure un soutien moral et matériel et, surtout, mène un travail de reconstruction personnelle et de réadaptation sociale.
Cette inauguration officielle, en présence notamment d'un membre du gouvernement, a été l'occasion pour le pouvoir exécutif d'afficher sa volonté de "faire reculer l'exclusion […] et de [placer] les inégalités au cœur des enjeux sociaux", comme l'a déclaré Marisol Touraine, actuelle ministre des Affaires sociales et de la santé. Cette dernière a par ailleurs annoncé la tenue, les 10 et 11 décembre 2012, d'une Conférence contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale, induisant la "mise en place d'un partenariat entre pouvoirs publics et [structures sociales]", conférence qui serait "conclue par le Premier ministre".
Karim Souane