Le parler vrai. Les mots sont forts. Le ton empreint de gravité. Le contexte particulier. Ce mardi, lors de ses vœux à la presse depuis l'Hôtel Matignon, Manuel Valls a déclaré qu'il existait « un apartheid territorial, social, ethnique » en France. « Il faut aussi regarder la réalité de notre pays. » Apartheid. Ce n'est pas la première fois que le Premier ministre emploie cette comparaison. « Ces derniers jours ont souligné beaucoup des maux qui rongent notre pays ou des défis que nous avons à relever. À cela, il faut ajouter toutes les fractures, les tensions qui couvent depuis trop longtemps et dont on parle uniquement par intermittence. » Le Premier ministre a ainsi souligné que les « stigmates » des émeutes de 2005 étaient « toujours présents ». Et de dénoncer « la relégation péri-urbaine », la formation de « ghettos ». Avant d'évoquer « la misère sociale » à laquelle « s'additionnent les discriminations quotidiennes parce que l'on n'a pas le bon nom de famille, la bonne couleur de peau ou parce que l'on est une femme ». « Ce diagnostic sur l'état de la France, je l'ai fait de nombreuses fois devant vous, il s'impose plus que jamais », a ajouté Manuel Valls.
Dans son discours de 45 minutes, le chef du gouvernement a aussi souligné « l'enjeu fondamental qu'est la citoyenneté en France, ce sentiment d'appartenance à une même nation, d'avoir un destin commun, les mêmes droits et les mêmes devoirs ». « Cette citoyenneté a besoin d'être refondée, renforcée, relégitimée », a ajouté le Premier ministre. « Nous devons nous hisser à la hauteur de l'exigence du peuple français », a estimé Manuel Valls. Selon lui, « nous devons combattre chaque jour ce sentiment terrible qu'il y aurait des citoyens de seconde zone ou des voix qui compteraient plus que d'autres ou moins que d'autres ».
Manuel Valls a aussi profité de ces vœux à la presse pour expliquer que le slogan « Je suis Charlie » « n'est pas le seul message de la France au monde ». « La France porte la liberté d'expression partout mais elle défend aussi d'autres valeurs qui nous sont chères : la paix, le respect des convictions, le dialogue entre les religions », selon le chef du gouvernement, alors que de nombreuses manifestations anti-françaises ont lieu ces derniers jours.
Caroline Moisson
Pour en savoir plus :
Valls : l’intégration «ne veut plus rien dire» (par Natacha Gorwitz, Public Sénat)
Valls relève à nouveau l’existence d’un « apartheid territorial, social et ethnique » (par Tristan Quinault Maupoil, Le Figaro)