Accompagné des ministres des Affaires étrangères, de la Défense et du Développement, Laurent Fabius, Jean-Yves Le Drian et Pascal Canfin, François Hollande s’est rendu au Mali le 2 février. Après une étape à Sévaré, où il a été reçu par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, et où il s’est vu offrir un chameau, il a continué sa visite à Tombouctou, ville emblématique libérée de l’emprise des groupes islamistes six jours auparavant, où il a été accueilli au son des tam-tams et par des danses. Entre 2 000 et 3 000 Maliens s’étaient réunis pour « dire merci » à la France. Sa visite s’est achevée à Bamako, où son homologue malien a remercié la France « au nom de [son] peuple » d’avoir « répondu rapidement à [leur] appel au secours » et où il a prononcé un discours sur la place de l’Indépendance.
Face aux clameurs, à la « ferveur pour dire vive la France et Vive le Mali », François Hollande - remercié et remerciant le peuple malien pour son accueil, mais surtout son aide, parlant de la « dette » envers les tirailleurs africains ayant combattu pour la France - a toutefois précisé que si « le terrorisme a été repoussé », « chassé », « il n’a pas encore été vaincu ». « La France restera le temps qu’il faudra » « mais n’a pas vocation à rester » a-t-il affirmé, considérant que les Maliens eux-mêmes et les Africains de la MISMA devront prendre le relais. Le président a rendu hommage aux soldats maliens et français et en particulier à Damien Boiteux, le soldat qui a perdu la vie lors du premier jour de l’opération Serval. Dans son discours, le chef d’État français a en outre évoqué les allégations d’exactions, en rappelant : « La justice n’est pas la Vengeance (…) aucune souffrance ne peut justifier le pillage et l’exaction. Vous devez être exemplaires, vous êtes observés par la communauté internationale. » Il a également plaidé pour un « dialogue inter-malien ouvert à toutes les sensibilités » « pour ressouder la nation » et permettre le retour « à une vie constitutionnelle normale » avec la tenue « d’élections propres et crédibles avant le 31 juillet 2013 ».
François Hollande, sensible à l’accueil des Maliens et à son nouveau costume de chef des armées en France et à l’étranger - dont on ne sait encore si sa popularité bénéficiera - a conclu son discours en déclarant : « Je viens de vivre la journée la plus importante de ma vie politique ». Interrogé par l’AFP, Aquilino Morelle, son conseiller politique, a confirmé : « On est président de la première à la dernière minute d'un quinquennat mais il y a des moments où on le sent davantage et ou les autres aussi le sentent davantage, et la journée de samedi faisait partie de ceux-là ».
Anne-Laure Chanteloup