En décembre dernier, la coalition Séléka avait commencé son offensive en République centrafricaine. Elle avait pris fin avec la signature d’un accord à Libreville en janvier, qui avait débouché sur la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Mais estimant que ces accords n’ont pas été respectés, les rebelles ont repris les armes et ce dimanche 24 mars, la capitale Bangui est tombée, le président François Bozizé a pris la fuite en République démocratique du Congo et Michel Djotodia s’est autoproclamé président.
L’accord de Libreville doit « fournir le cadre d’une transition politique »
François Hollande a « pris acte du départ de l’ancien président François Bozizé » et, à l’instar d’une grande partie de la communauté internationale, la France a condamné « le recours à la force ayant abouti à la prise de pouvoir en République centrafricaine ». Selon Laurent Fabius, « il n’y a pas de pouvoir légitime » en Centrafrique et les autorités françaises appellent « toutes les parties au calme et au dialogue autour du gouvernement issu de l’accord de Libreville ». Accord du 11 janvier qui doit « fournir le cadre d’une transition politique ».
Cependant dès lundi, Michel Djotodia a annoncé qu’il allait dissoudre l’assemblée nationale ainsi que le gouvernement – tout en restant « dans l’esprit de Libreville » en laissant à son poste le Premier ministre, Nicolas Tiangaye, issu des rangs de l’opposition - suspendre la constitution et légiférer par ordonnances durant la transition qui devrait s’achever par l’organisation « d’élections libres et transparentes » d’ici trois ans.
La France exclut l’évacuation et renforce le dispositif de protection de ses ressortissants
Face aux violences qui se sont multipliées, Paris estime que ces « pillages doivent cesser » et que « l’ordre doit être rétabli rapidement ». Le gouvernement français demande aux forces rebelles de « s’abstenir de toute violence envers les populations civiles et les communautés étrangères. »
Excluant, pour le moment, la nécessité d’une évacuation des ressortissants français, la France a, en outre, renouvelé ses consignes de prudence et renforcé son dispositif de protection de la communauté française – quelque 1 200 Français résident en République centrafricaine - avec l’envoi, entre le 22 et le 24 mars, d’environ 300 militaires en renfort, portant le nombre des soldats français déployés dans le pays à quelques 500 hommes. Restant sur la même ligne de non ingérence dans les affaires intérieures de la Centrafrique qu’en janvier – sollicité par François Bozizé, le président français avait alors refusé une intervention directe pour protéger le régime – ces forces ont pour seule mission d’assurer, si nécessaire, la sécurité des Français et des emprises diplomatiques.
Le gouvernement français déplorent un « drame » et présente ses condoléances aux Indiens
Si le ministre des Affaires étrangères considérait, ce lundi matin au micro d’Europe 1, que les choses étaient, « en ce qui concerne les Français, sous contrôle », Jean-Yves Le Drian a déploré dans la journée le « drame » intervenu suite aux tirs des forces françaises chargées de la protection de l’aéroport de Bangui sur trois véhicules tentant d’y pénétrer, ayant causé la mort de deux Indiens et plusieurs blessés tchadiens et indiens. Le ministre de la Défense, qui a adressé ses condoléances aux familles et aux autorités indiennes, a demandé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur cette affaire.
Anne-Laure Chanteloup